Who will find the opera that extract is from?
Opera per tutti
Le Père Lachaise is also the place were Luigi Cherubini, Vincenzo Bellini (remains removed to the cathedral of Catania in 1876), François-Adrien Boieldieu, Gustave Charpentier, Etienne Méhul and Maria Callas (ashes originally buried in the cemetery, then stolen and later recovered, they were scattered into the Aegean Sea. The empty urn remains in the Père Lachaise) were put to rest.
YouTube extracts: Elisabeth Schwarzkopf, Der Rosenkavalier, Karajan conducting (1962), "Da geht er hin" ; Jessye Norman, Ariadne auf Naxos, James Levine conducting, "Es gibt ein Reich" ; Karita Mattila & Barbara Bonney, Arabella, Christoph von Dohnányi conducting (2002), "Aber der Richtige".
Chosen extracts; "The careers of Alagna and Gheorghiu rocketed a decade ago. He was the hottest young tenor around, the destined successor to the Pavarotti-Domingo-Carreras generation, and was duly dubbed "the fourth tenor". She took the operatic world by storm in La Traviata under the late Georg Solti at Covent Garden in 1994 and seemed to be the lyric soprano the world had waited for since Sutherland's retirement. When the two married, they became the darlings of the opera houses, the record companies, opera-goers and the accountants. But they were rarely the darlings of the directors."
"Alagna's walkout from La Scala comes at a time when a lot of the glister has gone from the one-time golden couple. The previous Scala regime under Riccardo Muti fell out with Gheorghiu as early as 1997. The New York Met's recently retired general director, Joe Volpe, had a bust-up with her. Now it seems the soprano has fallen out with Covent Garden. Rumours that she was dropped from a coming production of Verdi's Don Carlos - because music director Antonio Pappano was so angered by her failure to turn up for rehearsals at this year's Tosca that he has declined to work with her again - have met flat denials. Covent Garden insists Gheorghiu decided to withdraw."
"Opera houses usually try to stop stories of demanding behaviour getting into the press. But the veil was lifted when Volpe fired the soprano Kathleen Battle from the Met in 1994, publicly citing her "unprofessional actions". (...) Battle's manager reminded Volpe that his predecessor was always known as the man who had fired Callas from the Met. Do you want to be known as the man who fired Battle, he demanded? Volpe had the perfect reply: "Kathy Battle is no Maria Callas.""
Thank you Martin Kettle. Very good article. And without drama. What a relief.
Ces derniers soubresauts de vie avant l'oubli médiatique et opératique que ses actions lui promettent, sont narrés par Reuters (en anglais) et Il Quotidiano (en italien).
Au passage, DeutschlandRadio Kultur (lien sur la page pour écouter la radio par streaming) retransmet demain soir à GMT18:00 (19h heure de Paris) ce fameux Aïda, enregistré lors de la soirée de réouverture de la Scala, le 7 décembre donc. Avec Stupido dans le rôle de Radamès donc. Aïda: Violeta Urmana Amenris: Irina Makarova Ramfis: Orlin Anastassov Pharaon: Marco Spotti Amonasro: Carlo Guelfi Bote: Antonello Ceron Choeurs et orchestre de la Scala Direction: Riccardo Chailly
Après tout, Alagna a le droit d’avoir un ego sur-dimensionné qui ne supporte pas les critiques d’un des publics les plus exigeants au monde. Après tout, le fait que Palombi se soit précipité sur scène pour le remplacer au pied levé est louche. Limite prémédité. Après tout, la Scala a un peu trop vite sauté sur l’occasion pour se débarrasser d’Alagna. Après tout, Alagna est un artiste d’une sensibilité folle, et les quelques manifestations désapprobatrices du public milanais ont perturbé son psychisme au point qu’il en fasse un malaise et doive de toute urgence quitter la scène. Après tout, c’est Stéphane Lissner lui-même qui, en coulisses, au lieu de prodiguer amour et attention à son ténor vedette, l’a, au barrage de son corps, empêché de remettre les pieds sur scène. Après tout…
Merde les mecs.
Admettez comme moi, fan de la première heure d’Alagna, que le succès lui est monté à la tête et qu’il se comporte comme un odieux enfant gâté (à 13.000€ la représentation), que le seul châtiment acceptable est… la mort. Las, il est tellement dommage que les conclusions des opéras ne s’appliquent pas à la vie réelle…
D'un point de vue plus idéologique, je tiens à m'insurger des méthodes fort peu honnêtes de prosélytisme desdits américains. Proposer à chacun de se faire sa propre opinion de la prestation d'Alagna dans "Celeste Aïda" avec un mp3 qui ne correspond pas au jour du scandale (le 10) mais à celui de la réouverture de la Scala (le 7), j'appelle ça, non pas de la malhonnêteté intellectuelle, puisque la date du 7 décembre est effectivement signalée, mais des méthodes de persuasion à la limite de la propagande.
Complément: interview d'Alagna accordée au Monde, c'est là.
Lectures complémentaires: Le compte-rendu détaillé (en anglais, trop sensationnaliste et frivole à mon goût, mais enfin très complet) ici. Les liens vers les extraits enflammés de la presse italienne ici (en italien).
From Sebastien D.
Other great shots; Lollah's, CamilleouZoé's, Tampen's view of St Jean, and Lyon Photos' production.
YouTube videos; Overall presentation, St Jean Part I & II, St Nizier .
What's this all about?
Read here (in English) or here (in French). 2006 edition presentation in French or in English.
Photo: Richard Avedon, from Karita Mattila's web site.
As the Finnish soprano is praised for her performance of Manon Lescaut, now playing in San Francisco, here are a few extracts from YouTube to (re)discover her: Beethoven, Fidelio, Abscheulicher!... Komm Hoffnung, MET 2000 here. Wagner, Lohengrin, Act 1, Paris Bastille 1996 here. Puccini, Tosca, Vissi d'Arte, French TV (Jacques Martin sure rings a bell to all the French readers!) 1997, here. Richard Strauss, Arabella, Aber der Richtige, Paris Chatelet 2002, with Barbara Bonney here. On the SF Opera page, here, you can find video and audio extracts.
The winner will have no prize but my deepest consideration.
En préambule, je veux rappeler ici que la version de concert donnée en Belgique fin octobre/début novembre sera diffusée ce samedi, à partir de 19h (heure française) par Radio 4 Netherlands (compter une demi-heure de bla blas entrecoupée de quelques extraits d’autres versions avant le début effectif de la retransmission). Les prochaines représentations françaises se joueront en Avignon les 25 et 27 février, et à Tours du 11 au 15 mai 2007 (nouvelle coproduction Avignon/Tours/Metz). Avignon Leïla : Patrizia Ciofi Nadir : Francesco Meli Zurga : Marcel Vanaud Nourabad: Nicolas Testé Direction : Vincent Barthe
Tours Leïla: Sohpie Graf Nadir: Martial Defontaine Zurga : Ronan Nédélec Nourabad ; René Schirrer Direction : Vincent Barthe
Elsewhere, in Europe, the Pearl Fishers will be played in Shrewsbury, UK (Jan. 19, 2007) by th Swansea City Opera.
In the United States, there will be three productions of the Pearl Fishers in the first half of 2007; in Louisville, Ky (Feb.2 & 4), Madison, Wi (April 13 & 15) and Boston (May 4 to 8). Louisville, Kentucky Leïla: Barbara shirvis Nadir: William Joyner Zurga: Stephen Powell Nourabad: Stephen Morscheck Cond.: Scott Bergeson Boston Leïla: Jee Hyun Lim Nadir: Yeghishe Manucharyan Zurga: Robert Honeysucker Nourabad: David Cushing Cond.: Gil Rose
Madison, Wisconsin Leïla: Leah Partridge Nadir: Eric Fennell Zurga: Robert Gardner Nourabad : Charles Robert Austin Cond.: Antony Walker Madison Opera Chorus & Madison Symphony Orchestra In Autralia, you’ll be able to go to Melbourne (Nov. 23, 2007) to listen and watch to the Pearl Fishers. Leïla : Hye-Seoung Kwon Nadir : Henry Choo Zurga : Michael Lewis Nourabad : Jud Arthur Cond.: Emmanuel Joel-Hornak
Lien vers le billet suivant de cette série: Gedda vs. Vanzo.Dans l’opéra pré-wagnérien, l’action avance traditionnellement à l’aide de récitatifs, intermèdes déclamés à la rythmique plus libre que les airs, (recitativo secco où l’accompagnement instrumental est quasi inexistant, ou recitativo accompagnato, où l’orchestre se fend généreusement de quelques accords pour ponctuer le texte du soliste). Les airs quant à eux sont des instantanés émotionnels d’un soliste ou de plusieurs, ne contribuant donc pas au déroulement de l’intrigue. Les récitatifs, de part leur construction, ont des qualités musicales quasi-inexistantes à mes oreilles, et nuisent, à mon point de vue, à la fluidité de la partition.
La grande force de celle des Pêcheurs est le déroulement continu de l’action, sans utilisation de récitatifs. De fait, la musicalité globale de l’ouvrage est exceptionnellement homogène ; on passe d’un air à l’autre tout naturellement, sans pause instrumentale, et la fluidité qui en découle fait qu’il m’est très difficile, quand je commence l’écoute de cet opéra, de m’arrêter avant la fin, tellement la cohérence musicale invite à poursuivre le voyage auditif (sur ce point précis, le seul opéra que je compare aux Pêcheurs est Rigoletto).
La partition des Pêcheurs recèle également d’autres qualités. Berlioz lui-même a défendu l’opéra, arguant d’ "un nombre considérable de beaux morceaux expressifs pleins de feu et d'un riche coloris" ; en effet, romances, mélodies et grands airs se succèdent à un rythme effréné, ponctués par des interventions chatoyantes ou hostiles du chœur, omniprésent.
Parmi ces grands airs, le duo « Au fond du temple saint » entre Zurga et Nadir (Acte I) et l’air « Je crois entendre encore » de Nadir (acte I) sont devenus des incontournables de l’opéra français, et expliquent probablement pourquoi cet opéra, malgré l’orientalisme désuet dont il est imprégné, est représenté très régulièrement partout dans le monde. Moins connus mais tout aussi remarquables, sont le duo entre Leila et Nadir (acte II) « Le jour est loin encore », le solo de Zurga (début de l’acte III) « L’orage s’est calmé » et le duo Zurga/Leila (acte III) « Je frémis, je chancelle ». Quant aux interventions pléthoriques du chœur, notons celles concluant l’acte II « Voici les deux coupables » & « Brahma, divin Brahma » ainsi que « sombres divinités » à l’acte III.
Cette partition, à elle seule, justifie ma passion inconditionnelle pour cet ouvrage. Vous en connaissez beaucoup, vous, des opéras à la note près? Personnellement, j'en connais deux; les Pêcheurs et Rigoletto.
Extraits YouTube: Au fond du temple saint; Roberto Alagna et Bryn Terfel; Placido Domingo et Rolando Villazon; Alfredo Kraus et Barry McDaniel (rythmique insupportablement lourde et oppressante) Je crois entendre encore; 78 tours d'Enrico Caruso, Alfredo Kraus.
Quand on pense que Bizet a composé ces Pêcheurs alors qu'il avait à peine 25 ans, ça laisse rêveur quand même. Non?
Lien vers le 3e billet de cette série: les différentes versions.Il est de bon ton, parmi les amateurs d’opéra, de reconnaître aux Pêcheurs un des livrets les plus ineptes que l’opéra français ait jamais produit, mais des qualités musicales indéniables. Je ne prétends pas que, noyée sous une overdose d’orientalisme façon Second Empire, se déroule là la trame la plus dramatique de l’opéra, mais les sentiments exaltés par Carré & Cormon me touchent.
L’histoire d’une amitié brisée par une trahison amoureuse, d’un sens de l’honneur allant jusqu’à donner sa propre vie pour ne pas faillir à sa parole. Ce sens de l’honneur, si présent dans la société d’alors, et tellement fourvoyé aujourd’hui qu’il en paraît incongru, est un de mes grands idéaux nostalgiques, et m’est, à ce titre, essentiel.
Zurga, personnage au demeurant manipulateur, puisqu’il convainc le peuple de le proclamer roi (cette dualité le rend intéressant dès les premières minutes de l’opéra), se voit ensuite acculé au plus cruel des dilemmes (pour qui y est sensible) : se sacrifier pour sauver son meilleur ami et la femme qui l’a un jour sauvé et qu’il aime, alors que tous deux viennent de le trahir, ou les laisser périr, condamnés par un peuple tout entier, mené par son Grand Prêtre.
Quel que soit le funeste sort qui attend Zurga après le dernier accord, les Pêcheurs invitent, en outre, à réfléchir à la notion de pardon. Face à Nadir, égoïste parfait, qui ne pense qu’à convoler avec sa belle, quelles qu’en soient les conséquences avec Zurga, le Grand Prêtre ou n’importe qui d’autre, qui se montre qui plus est d’une ingratitude parfaite à l’annonce du sacrifice de Zurga, le pardon prend des allures de sacrifice christique. Etre athée ne m’empêche pas d’être subjuguée une telle générosité, un tel don de soi-même. Pas besoin de diviniser un Zurga plutôt qu’un autre pour être en admiration devant un tel geste.
Mais enfin, je subodore que Zurga, bien que simple pêcheur de perles de son état, a un vocabulaire bien plus drôle qu’un fils de charpentier. Eh bien, prends part à nos jeux ! Ami, bois avec nous danse et chante, avec eux. Avant que la pêche commence, Saluons le soleil, l’air et la mer immense ! Une femme inconnue et belle autant que sage, Que les plus vieux de nous selon le vieil usage, Loin d'ici, chaque année, ont soin d'aller chercher. Un long voile à nos yeux dérobe son visage; Et nul ne doit la voir, nul ne doit l'approcher! Mais pendant nos travaux, debout sur ce rocher, Elle prie, et son chant qui plane sur nos têtes, Ecarte les esprits méchants et nous protège! Elle approche, ami, fête avec nous son arrivée! Moi seul j’appelle en vain le calme et le sommeil. Et mon âme oppressée n’a plus qu’une pensée… Nadir, Nadir doit expirer, au lever du soleil [Il tombe accablé sur les coussins*] (…) Non, non, ce n'est pas le jour, regardez, c'est le feu! Le feu du ciel tombé sur nous des mains de Dieu! La flamme envahit et dévore Votre camp! Courez tous! il est temps encore, Pour arracher vos enfants au trépas, Courez, courez, que Dieu guide vos pas! Je m’en vais sans plainte, Les sauvant tous les deux, courir au trépas.
* didascalie originale du livret
Lectures complémentaires: Le colonialisme français et son expansion sous le Second Empire et à la fin du XIXe siècle; le Canal de Suez, percé par la compagnie de Ferdinand de Lesseps entre 1859 et 1869. Enfin une page passionnante (en anglais) sur l'orientalisme à Paris dans les années 1860. A noter qu'en 1863, année de création des Pêcheurs de Perles, la France s'empare de la Cochinchine, du Cambodge et de la Nouvelle-Calédonie.
Le livret complet des Pêcheurs de Perles est disponible là.Lien vers le 2e billet de cette série: la partition.
Crédit photo: http://www.campaniainfo.it
J’ai abordé Francesco Meli d’une manière différente, ce soir. Avec dans la tête le Nadir des Pêcheurs de Perles qu’il interprétera en Avignon les 25 et 27 février prochains (et dont je serai). Si sa diction française est correcte, il devrait livrer un Nadir plus crédible que son Elvino. Néanmoins, je reconnais sans peine que sa performance de ce soir était plus solide que la dernière fois, et qu’il a montré des couleurs vocales plus nuancées et plus diverses. Les problèmes d’aigus qu’il semble avoir eu à Paris ne se sont pas reproduits ce soir.
Quant à Natalie Dessay, je l’ai trouvée en méforme par rapport au 9, avec une voix moins claire, quelques passages plus imprécis mais globalement une interprétation toujours solide d’Amina. Lorsque je lis qu’elle n’arrive pas à la cheville de Callas dans ce rôle, je suis bien d’accord, mais qu’on ne se trompe pas de combat ; personne n’arrive au niveau de Callas, même les meilleures sopranos, ce n’est pas pour rien que la Diva a conquis le monde… Bien sûr Callas est à mon sens la meilleure Amina, mais c’est aussi la meilleure Norma, la meilleure Lucia, la meilleure Tosca… Le stress de l’enregistrement (disque live des représentations lyonnaises à sortir chez Virgin Classics) s’est fait nettement sentir chez les solistes (Paul Gay excepté, dont l’attitude est borderline désinvolte version « qu’est-ce que je me fais chier »), il faut dire que les ratés du 9 n’encourageaient pas… (je plains les ingénieurs du son qui devront composer entre les différentes imperfections des solistes). Il semblerait qu’une bouteille d’eau s’étalant sur scène juste avant le début n’ait guère arrangé la situation…
Résumons: Superbe travail de l'orchestre et des choeurs, interprétation magnifique de Pido, bonne prestation de Natalie Dessay (qui a eu droit, comme au TCE, mais pas à Lyon le 9 alors qu'elle le méritait sans doute plus alors, à une standing ovation finale).
Lectures complémentaires, sur le concert du 12 au TCE: Concertonet, Forum Opera.
And, as the broadcast went on, I started to realize the Oren version emphasizes lightness, and offers a less dramatic approach than the Viotti version. I said less dramatic, that doesn’t mean Oren is playing the truly dramatic parts with shallowness and derision.
But I’m pretty sure that’s the way Halévy wanted his music to be played; after all these were times (1835) were composers explored dramatic subjects with somehow a joyful perspective (Berlioz excepted), let alone the fact that most productions weren’t dealing with dramatic subjects at all (Offenbach, Auber, Chérubini).
Still excited to go and listen to La Juive in Bastille on March 2007. Still wanting to throw those angry fellows to feed the lions… Audio extract from the MET:
Rachel, quand du Seigneur, Neil Schicoff (track #207) Further selected readings; 2003 Viotti version:
Alex Ross, Ray of Death, extract from The New Yorker, Nov.24 2003, MET Opera News Online, MET Opera Review by the New York Times. 2006 Oren version:
Classical Source review, Musicweb International review, Music OMH review, My cultural life review.
Nov.25: La sonnambula, Bellini
Et remettre les choses dans leur juste contexte. Quand je lis, dans les pages d'un forum bien connu, que cette Juive s'annonce désastreuse, qu'Oren n'est pas le chef pour cette oeuvre, que les coupes dans la partition sont scandaleuses (leitmotiv dont est affublée la version de la Sonnambula avec Dessay qui cristallise les passions en ce moment), que la distribution est innommable, bref que de sombres orages s'annoncent sur la tombe d'Halévy (cimetière de Montmartre, 3e division, plan disponible là), j'aimerais que tous ces amateurs d'opéra, toujours là pour se déchaîner sur les critiques, et rarement présents lorsqu'il s'agit de distribuer un peu de compliments, se taisent. Pour 2 raisons. D'abord, parce que la dernière représentation de la Juive à l'ONP date...
de 1934.
Ensuite et surtout parce que, malgré les coupures et les putatives erreurs de casting, la musique d'Halévy mérite qu'on courre à Bastille. Envers et contre tous. J'aime cette Juive d'Halévy.
L'orchestration est superbement bien pensée (un véritable travail de joaillier), l'ensemble est harmonieux et subtilement fou, l'art d'Halévy reposant sur sa subtile modification des canons traditionnels de l'opéra à cette époque (1835) comme l'utilisation des trombones pour la première fois dans ce genre d'ouvrage, par exemple (article détaillé en anglais sur cette question ici).
Rien d'extravagant qui ne choque un public néophyte, juste des petites touches inattendues.
Et puis Halévy a su créer des boucles obsédantes, comme en témoignent ces deux extraits de la même sublime boucle de l'ouverture.
Extrait 1.
Extrait 2. Alors les aigris, vos gueules!
Le livret de La Juive ; c'est là.
NB1. Merci au Wiener Staatsoper(1999 et 2003), au MET (2003) et à la Fenice (2005) d'avoir replacé cette oeuvre sur les devants de la scène internationale.
NB2. Pour ma part, je suis enchantée d'aller écouter Chris Merritt le 3 mars dans le rôle d'Eleazar, connaissant la prestation (pas extraordinaire) de Neil Schicoff dans le rôle (présent dans la distribution du MET en 2003).
Version live de la Juive:
Lien vers le billet comparant la version d'Oren et celle de Viotti; c'est là.
Lien vers les compte-rendus de la représentation parisienne du 3 mars 2007; 1ère partie ; 2e billet.
La fille de Jacques, Geneviève (1849-1926) épouse Georges Bizet en 1869 puis, après son décès, se remarie avec Emile Straus, avocat des Rothschild (1886) ; on dit d’elle qu’elle a inspiré le personnage de Carmen (livret co-écrit par son cousin Ludovic et Henri Meilhac).
Léon Halévy (1802-1883), frère de Jacques, est journaliste, poète, historien, prof de littérature française à Polytechnique (1831-1834) et dernier secrétaire de Saint-Simon. Le fils de Léon, Ludovic Halévy (1834-1908), auteur de vaudevilles, romancier et librettiste (90 œuvres issues de collaborations diverses) est notamment le co-auteur, avec Henri Meilhac, des livrets de Carmen (Bizet), de La Belle Hélène, de la Périchole et de la Vie Parisienne (Jacques Offenbach). Il aura deux fils, Elie et Daniel, ce dernier étant le beau-père de Louis Joxe et le grand-père de Pierre Joxe, deux hommes politiques français du 20e siècle bien connus. Ludovic Halévy peint par Degas :Extrait youtube : La Juive, « Rachel, quand du Seigneur » (acte IV) Placido Domingo, Roberto Alagna, Neil Schicoff. Crédits photos : Jacques Halévy http://www.nndb.com/ Geneviève Halévy http://marcelproust.it/ Léon Halévy http://www.smerus.pwp.blueyonder.co.uk/ Ludovic Halévy, http://www.expo-degas.com/
Air de Silvio (déguisé en Pasquin) : J’suis encore plus honnête que je ne suis bête « Je sais monter les escaliers Et je sais aussi les descendre, Je cire très bien les souliers, Ce qu’on ne me donne pas j’sais le prendre. Je fais avec beaucoup de talent, Cuire les pommes de terre sous la cendre, Quant aux bûches j’en fais serment, Nul ne sait mieux que moi les fendre. Mais pour vous rassurer, je dois vous déclarer, J’suis encore plus honnête, oui plus honnête, J’suis encore plus honnête que je ne suis bête. Si j’n’étais pas très endetté, J’aurais un charmant caractère, Mais quand on m’dit va d’ce côté, J’pars tout de suite du côté contraire. Ah nous n’sommes pas encore au bout, De tous les talents dont j’dispose, Car non seulement je sais faire tout, Mais j’sais encore faire bien autre chose. Mais pour vous rassurer, je dois vous déclarer, J’suis encore plus honnête, oui plus honnête, J’suis encore plus honnête que je ne suis bête. » (réponse du père : « Allons tu as des connaissances très variées mais ton dernier argument me décide. Je te prends pour ta bêtise. Euh, je veux dire pour ton honnêteté. »)
Un peu plus loin, la manipulation du père par Silvio est présentée de façon ironique : « Père – Si par hasard, trompant ta vigilance, la capitaine s’approchait de ma fille, s’il lui parle ? Silvio (le capitaine en question, déguisé en Pasquin) – Je saurais tout ce qu’il lui dira comme si je lui disais moi-même. Tant que je serai dans la maison, il ne rodera pas aux alentours. Père – Bravo, ton intelligence se développe. » Air du père : L’omelette « J’ai déjà compté dans ma vie, Plus de plaisirs, plus de bonheurs, Fille tendre et femme jolie, Ont comblé les vœux de mon cœur. Mais il n’est rien que je compare, Quand j’ai bien faim sur le matin, Non il n’est rien que je compare, Non, non, non, à ce tableau presque divin, D’une omelette aussi bien faite, Qui me sourit et qui me dit : Je suis ton déjeuner fidèle (bis) Viens je t’attends (ter) Viens je t’appelle. » On touche là à la quintessence du livret d’opéra, vous ne trouvez pas ? Pour finir, une dernière réplique culte, que je compte bien m’approprier : Père – J’éprouve le besoin de promener ma digestion. Le Docteur Miracle
Crédits photos : 1. Ryan Orgera, http://web.usf.edu/iac/photocontest/2004photowinners.html 2. http://www.lucidelmondo.net 3. http://www.factanet.it
The 38-year-old italian tenor Salvatore Licitra, currently singing at the MET Cavalleria Rusticana (Mascagni) and I Pagliacci (Leoncavallo) has a very dangerous life... Last Tuesday night, the 38-year-old Italian tenor ended up in an hospital emergency room, instead of a Manhattan party thrown by Sony Classical in celebration of his latest recording, "Forbidden Love" (extracts can be heard on his website). Stepping up of a taxi, the space between parked cars seemed to be too narrow for him, so instead, he went flying to the ground, left shoulder first. Because tenors are real men, not pussies, he went to the hospital to get his bleeding leg bandaged but didn't complain about the pain in his shoulder... until the next morning, when the pain became unbearable. MRI and X-rays showed torn tendons in his rotator cuff (maybe he just pitched some baseballs during the night and came up with the excuse of the fall).
But nothing could stop him from singing at the MET (let alone the ton of money probably involved). Well done M.Licitra.
I soo would love to find a picture of you falling out of a cab. Has nobody told you to start drinking at the party thrown for you and not before?
Infos Associated Press, Oct.26, 2006
Pour sûr, il est beau notre opéra.
Pour sûr.
Dommage qu'il soit gangréné de problèmes de sécurité.
Alors qu'en 2004, des tuiles étaient tombées "spontanément" du toit, que toute la verrerie est à refaire (900 000 euros de travaux), de nouveaux problèmes sont survenus depuis la rentrée, concernant le système de sécurité d'incendie et de ventilation de la cuisine.
La mairie a enfin décidé de réagir il y a un mois et d'attaquer en justice Jean Nouvel et plusieurs entreprises ayant travaillé à la restauration de l'opéra en 1993 (évaluation des malfaçons: 580 000 euros).
Pour la petite histoire, rappelons que les travaux en 1993 avaient coûté six fois plus cher que prévu (72 millions d'euros au lieu de 12 millions d'euros).
Monsieur Jean Nouvel, vous n'avez pas l'impression de vous être assez foutu de notre gueule?
Comment décourager les putatifs amateurs d'aller voir ce spectacle? Lire la newsletter de l'Opéra de Paris de cette semaine, consacrée à ce spectacle, et aller voir sur le site les extraits vidéo proposés (au nombre de trois).
Una furtiva lacrima, chanté par Paul Groves (quid de Charles Castronovo annoncé dans la programmation?) ce n'est déjà guère encourageant (euphémisme). La mise en scène de Pelly ensuite, ne me semble pas casser trois pates à un canard (désolée pour les fans de Pelly). Encore une atmosphère fête de village populaire, faite, refaite et archi-refaite dans l'Elisir d'Amore. Ne serait-ce pas là le rôle d'un grand metteur en scène que d'essayer d'innover un peu dans le domaine? Il semble que Pelly se soit contenté d'ajouter des bottes de paille (cf. Una furtiva Lacrima), des éclairages bateaux (la tombée des lucioles/étoiles/whatever toujours sur Furtiva Lacrima me laisse pantoise de déserrance) et des costumes sixties (rapport qu'en ce moment, on n'en voit pas assez dans la rue, dans les magazines, etc). Bref, pas de regret de ne pas avoir envisagé d'acheter des places pour ce spectacle.
Quelques exemples d'interprétation réussie d'Una Furtiva Lacrima, extraits de YouTube; Rolando Villazon (Barcelone 2005, encore), Rolando Villazon (Vienne 2005), Roberto Alagna (Opéra de Lyon, 1996), Carlo Bergonzi (orchestration mollassonne)Considering the orchestra is not such a good one, he should only improve its performances. Other concerts may follow.
Grâce à la magie des rééditions de DVD, j’ai découvert une nouvelle version de La Forza Del Destino, de Verdi.
Nouvelle version qui est un enregistrement live de 1958 (Teatro di San Carlo, Napoli).
Starring Franco Corelli (ah Corelli), La Tebaldi, Ettore Bastianini, Boris Christoff dans le rôle du prêtre et Francesco Molinari-Pradelli à la direction.
A la vision de ces images d’archives, plusieurs commentaires me sont venus, notamment sur l’évolution de l’opéra.
Si vous ne connaissez rien à cet Art, si vous ne pouvez vous empêcher de vous boucher les oreilles quand un chanteur d’opéra force un peu sa voix, si le terme même d’Opéra vous fait d’abord penser à un navigateur web, si vous êtes réfractaire à cette musique donc, vous ne pouvez pas ne pas connaître les deux mots magiques : Maria Callas.
Voir cet enregistrement me renvoie d’abord et avant tout à la Callas.
Parce que la Révolution, c’est elle qui l’a initiée.
Avant la Callas, il y avait des cantatrices avec des techniques vocales oh combien meilleures. La Tebaldi en est un très bon exemple. Particulièrement dans cet enregistrement.
Mais ces cantatrices ne savaient que chanter.
Aucune incarnation du personnage, aucun jeu d’acteur, aucune sensibilité.
Juste de la technique pure.
Magnifique.
Mais oh so glaciale.
Grâce à la Callas, les metteurs en scène ont eu leur mot à dire à l’Opéra.
La première a incarner les personnages qu’elle chantait. Et l’opéra s’est enrichi de la notion d’interprétation théâtrale.
Oh bien sûr, on est loin des acteurs de théâtre.
Mais on est aussi désormais loin devant ces prestations des décennies passées.
Premier constat donc.
Deuxième réflexion ; Franco Corelli.
Il est de notoriété publique que j’adore Corelli.
J’adore ses trémolos (soit on les adore, soit on les déteste, le juste milieu n’existe pas avec Corelli), cette grandiloquence dans l’interprétation vocale.
Corelli, dans la dernière scène de Norma par exemple, me donne envie d’être à la place de la Callas et de mourir avec lui sur le bûcher. Tant ses trémolos me parlent.
Corelli, c’était le beau gosse des années 50-60; rentrant sur scène avec toute la prestance de son sex-appeal.
Navrant.
Un coq au milieu des volailles.
[sigh]
Mon Corelli.
Mes si beaux trémolos.
Un vulgaire coq.
[sigh]
Rajout du 24 octobre 2006:
Que l'on ne s'étonne pas, ensuite, si je préfère les CDs aux DVDs.
Troisième constat : l’interprétation du chef, Francesco Molinari-Pradelli.
Lourde.
Pesante.
Je ne sais pas si je suis si critique sur les chefs qui dirigent Verdi parce que j’ai tant d’affinités avec ce Maître qu’est Riccardo Muti.
Ce chef qui a compris Verdi comme je l'ai compris.
Ce chef qui livre, à chaque fois, des interprétations mémorables.
La Forza del Destino par Muti, ça n’a rien à voir.
C’est tellement plus relevé.
Précis.
Fin.
Pêchu.
Muti est extraordinaire de subtilité quand il dirige Verdi (pas forcément avec les autres compositeurs d’ailleurs). Un travail d’orfèvre.
Une merveille.
Il ne m’a jamais déçue.
Mais, quand on aime l’opéra, quand on adore Verdi, quand on adore Corelli, on se délecte de ces rééditions et on en redemande.
I am one of those crazy fanatic opera fans who would much rather listen to an opera than watch it on DVD. I don't care about anything else than the singing and the music, let alone the fact I don't own a TV set, never have and probably never will. On the other hand, I am the proud owner of an exquisite CD player (CD 3D Lab Sonata), a pair of incredible speakers (JM Reynaud Trente) and a pretty good amplifier (NAD 312) that is 10 years old now but that I just can't throw away. So I buy CDs. Not DVDs. By the way, the Liceu extract of La Gioconda (Ponchielli) is part of a DVD just released by TDK. But how can I not buy DVDs released by Il Teatro alla Scala, conducted by Riccardo Muti, for a prize so low you wonder if you're just not dreaming awake: €5.99 (thank you Gibert Joseph)? So, I got I vespri Siciliani (Verdi) and La Donna Del Lago (Rossini).
But I didn't buy Attila (Verdi) or Guglielmo Tell (Rossini) 'cause you know what? I already own these Muti recordings ... in CD.
D’abord, soyons clairs, la fille, là (dont je ne connais pas le nom, désolée), chante comme un pied. Les qualités vocales de la jeune naïve sont, inexistantes. Et Grégory, mon Dieu. Mais soyons raisonnables. Si dans ce pays, on fait gagner les casseroles, c’est évident qu’on ne peut comprendre la beauté de l’opéra. Parce que, sans vouloir enfoncer le clou, Roberto, même si sa prestation est plutôt quelconque, à côté, c’est un Dieu sur Terre.
Mais là n’est pas l’objet de mon affliction. Parce qu’en même temps, les divertissements de TF1, même si la France entière ne parle que de ça, ça ne m’intéresse pas le moins du monde.
Ce qui me navre au plus haut point, c’est la tournure catastrophique qu’a prise la carrière de Roberto Alagna. Que je m’explique. Alagna est un des ténors que je préfère. [sigh] Enfin, que je préférais.
Je l’ai découvert dans un enregistrement de Rigoletto, par Riccardo Muti. Et depuis, ses erreurs de jeunesse avaient été merveilleusement corrigées. Mine de rien, ce garçon en a fait, des progrès, en quelques années.
Et je regrettais amèrement de ne pas l’avoir vu en vrai. Surtout qu’il est passé à Lyon il y a quelques années (à ma décharge, j’habitais Toulouse à l’époque), dans une production de Lucia di Lamermoor, en français, avec Natalie Dessay.
Mais depuis qu’il est marié avec Angela, c’est vraiment de pire en pire. D’abord, juteux contrat avec EMI, il a commencé à sortir n’importe quelle merde en cd (et je pèse mes mots). Mais bon, je lui pardonnais, il chantait si bien, mon Roberto. Et puis, il a commencé à se la jouer diva, inaccessible, puant de pédanterie, toussa. Mais bon, il chantait si bien. Avec une si belle interprétation. Puis, Kozlika, qui le vit l’an dernier à Paris, m’apprit avec horreur qu’il était devenu complètement figé sur scène ; plus aucun jeu. Autant dire, que sa performance y perdait franchement. Mais alors si maintenant, il passe à la StarAc, je n’imagine même pas vers quels vides lacunaires il va nous entraîner. Tino Rossi peut être ?
Je l’aimais tant moi, Roberto. [sigh]
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