Nov 16, 2006

La Juive, Halévy

Suite à mon billet relatant l'épopée fantastique des Halévy, et à mon achat récent de places pour Bastille, où la Juive sera donnée en février/mars prochains, j'aimerais faire part ici de mon agacement.

Et remettre les choses dans leur juste contexte. Quand je lis, dans les pages d'un forum bien connu, que cette Juive s'annonce désastreuse, qu'Oren n'est pas le chef pour cette oeuvre, que les coupes dans la partition sont scandaleuses (leitmotiv dont est affublée la version de la Sonnambula avec Dessay qui cristallise les passions en ce moment), que la distribution est innommable, bref que de sombres orages s'annoncent sur la tombe d'Halévy (cimetière de Montmartre, 3e division, plan disponible ), j'aimerais que tous ces amateurs d'opéra, toujours là pour se déchaîner sur les critiques, et rarement présents lorsqu'il s'agit de distribuer un peu de compliments, se taisent. Pour 2 raisons. D'abord, parce que la dernière représentation de la Juive à l'ONP date...

de 1934.

Ensuite et surtout parce que, malgré les coupures et les putatives erreurs de casting, la musique d'Halévy mérite qu'on courre à Bastille. Envers et contre tous. J'aime cette Juive d'Halévy.


L'orchestration est superbement bien pensée (un véritable travail de joaillier), l'ensemble est harmonieux et subtilement fou, l'art d'Halévy reposant sur sa subtile modification des canons traditionnels de l'opéra à cette époque (1835) comme l'utilisation des trombones pour la première fois dans ce genre d'ouvrage, par exemple (article détaillé en anglais sur cette question ici).
Rien d'extravagant qui ne choque un public néophyte, juste des petites touches inattendues. Et puis Halévy a su créer des boucles obsédantes, comme en témoignent ces deux extraits de la même sublime boucle de l'ouverture.

Extrait 1.

Extrait 2. Alors les aigris, vos gueules!



Le livret de La Juive ; c'est .


NB1. Merci au Wiener Staatsoper(1999 et 2003), au MET (2003) et à la Fenice (2005) d'avoir replacé cette oeuvre sur les devants de la scène internationale. NB2. Pour ma part, je suis enchantée d'aller écouter Chris Merritt le 3 mars dans le rôle d'Eleazar, connaissant la prestation (pas extraordinaire) de Neil Schicoff dans le rôle (présent dans la distribution du MET en 2003). Version live de la Juive:

Eleazar: Neil Schicoff Rachel: Soile Isokoski Direction: Simone Young Wiener Staatsoper, 1999

Lien vers le billet comparant la version d'Oren et celle de Viotti; c'est .

Lien vers les compte-rendus de la représentation parisienne du 3 mars 2007; 1ère partie ; 2e billet.



4 comments:

Anonymous said...

Une liste des représentations récentes de La Juive de Fromental Halévy se trouve à l'adresse suivante : www.musik-editionluciegalland.net/juive/juive-representations.html

Anonymous said...

Je suis un spectateur de La Juive du 16.02.07 a La Bastille. Grande prestation de tous, spectacle théâtral désastreux, mais exceptionnel dans le versant musical et vocal. L’orchestre superbe, surtout si nous faisons la comparution avec le résultat de la même orchestra dans Les Contes d’Hoffmann sur la baguette de Marc Piolet.

Jacques Duffourg said...

Mon Dieu... Comment peut-on écrire que la prestation de Neil Schicoff en Eléazar (le rôle de sa vie, sans contredit, partout où il l'a chanté),"n'est pas extraordinaire" ?! Pour moi, c'est comme si on mentionnait que Maria Callas est passé à côté de la plaque en "Medea" ou "Tosca" par exemple... ((: Par ailleurs, ayant (hélas) aussi entendu Chris Merritt dans ce rôle, je me dis que nous n'avons vraiment pas les mêmes goûts ! Amicalement tout de même... !!

Extatic said...

J&E, je n'ai malheureusement pas entendu Merritt au sommet de sa gloire et de sa voix, mais en fin de carrière, usé et ayant mieux fait de s'abstenir...

Quant à mon billet, il n'est évidemment que le reflet de ma propre opinion...