Apr 23, 2007

Djamileh, Georges Bizet


Opéra comique en un acte, 1872
Livret de Louis Gallet, d’après Namouna d’Alfred de Musset.


Opéra de Lyon, dans le cadre du Festival d'Opéras en un acte.
Jusqu'au 2 mai 2007.
1ère partie de soirée de 1h14, complétée, après un entracte d'une demi-heure par Il Tabarro de Puccini.



Direction musicale : Eivind Gullberg Jensen
Mise en scène: Christopher Alden
Décors : Johan Engels
Costumes : Sue Willmington
Lumières: Adam Silverman

Haroun: Jean-Pierre Furlan
Splendiano : Laurent Naouri
Djamileh : Janja Vuletic

Production Opera North de 2004
Extrait vidéo et photos ici, dossier de presse ici et programme .
Livret seul disponible ici.





Synopsis:

Un sultan volage, qui change d’objet sexuel tous les mois, une esclave amoureuse mais rejetée qui a recourt à la ruse pour arriver à ses fins, un homme de main fidèle et amoureux de l’esclave.


Certes, l’intrigue de Djamileh ne casse pas trois pattes à un canard.


Mais il y a encore chez Bizet, comme dans les Pêcheurs de Perles, cet orientalisme qui l’a tant marqué, et dont le livret et la musique sont totalement imprégnés.



Christopher Alden, photo Brian Slater, une belle métaphore pour cette mise en scène de Djamileh



Christopher Alden, le metteur en scène, a choisi de casser cet orientalisme.
De transposer l’action dans notre présent.
De transformer le romantisme façon XIXe siècle en sado-masochisme version fin de XXe siècle, débauché, cruel et vide de sens.


Naturellement, le grand écart avec l’opéra conduit à une mise en scène totalement ratée.
Et, horreur suprême, d’une vulgarité affligeante.



Comment mon grand ami Serge Dorny a pu acheter une telle production et y voyant une belle expression de théâtre contemporain, voilà une chose supplémentaire qui me sidère chez cet homme.



Photo Opéra de Lyon



Rien n’est à garder de cette production ;

Les décors sont miteux, les costumes sont laids à tomber (Laurent Naouri en baskets blanches immondes, le chœur en racailles de banlieue, Haroun en jean mal coupé avec un T-shirt difforme et une immonde robe de chambre par dessus, Djamileh en pute), la gestuelle est d’une vulgarité sans précédent (comment Janja Vuletic a pu accepter les poses et postures du metteur en scène, et de se laisser dégrader ainsi, voilà qui me sidère), les lumières sont inexistantes et les déplacements mal gérés.


Tout est si catastrophiquement raté qu’on en oublie la beauté de la musique de Bizet et la belle prestation vocale de Janja Vuletic (un nom à retenir).


C’est fort dommage, d’autant que la direction du Norvégien Jensen est lourde et sans finesse et que le timbre de Furlan, particulièrement agaçant, se double d’une technique vocale au mieux quelconque (moi qui focalise en ce moment sur Juan Diego Florez, le réveil fut douloureux).



« Après Noé en 1869, L’Arlésienne en 1872, Djamileh est la dernière œuvre lyrique avant la célébrissime Carmen en 1875. Il s’agit là d’un authentique chef d’œuvre. Toute la puissance dramatique et musicale qui explosera dans Carmen est déjà là. Un ultime cri du génie de Bizet dont le principal défaut fut d’être en avance de plus d’un demi siècle sur son temps et qui ne survivra pas à l’échec de Carmen. » Pierre JOURDAN, extrait de la présentation de l’œuvre jouée en 2005 à Compiègne.




Extrait de l'article paru dans le Monde du 24 avril [Renaud Machart] :


" On se réjouissait d'entendre Djamileh (1872), une rareté orientaliste de Bizet.
Pourtant, une chanteuse formidable mais souffrante (Janja Vuletic), un ténor vocalement ingrat et hurleur (Jean-Pierre Furlan) et une mise en en scène gadget et érotomane (Christopher Alden) auront déçu nos attentes.


Fallait-il tordre le cou au sens du livret en faisant étrangler l'esclave Djamileh par son sultan à la fin de l'ouvrage, alors qu'il est clairement indiqué par Musset, dans Namouna, dont le livret est adapté, qu'il s'agit d'un "happy ending", la première faisant découvrir au second l'amour dont il est capable ? Alden a préféré finir l'ouvrage sur une scène de meurtre filmée façon snuff movie. "




No comments: