Apr 22, 2007

Naouri dans Il Tabarro






Laurent Naouri ........ Michele
Hélène Bernardy ........ Giorgetta
Jean-Pierre Furlan ........ Luigi

Eivind Gullberg Jensen
Choeurs et orchestre de l'opéra de Lyon



Je n’ai jamais vraiment aimé Laurent Naouri.
Ni Puccini, for that matter.

Dans le cadre du Festival d’Opéras en 1 acte, qui vient de débuter cette semaine, il y avait hier double dose de Naouri, dans Djamileh de Bizet et Il Tabarro, de Puccini.

Je réserve mes commentaires sur Djamileh pour un prochain billet, je ne veux parler pour l’instant que de Naouri et de Puccini.



A l’entracte, après Djamileh, je me disais que la performance de Naouri était intéressante, mais que je risquais de saturer sur Il Tabarro.

Que nenni.
Sa performance, tant vocale que scénique a été remarquable.
Mais surtout, alors que l’écriture de Puccini demande une interprétation vocale pointue, nuancée et à mon sens très ardue, j’ai trouvé que les reproches que je faisais à Naouri (tendance à surjouer particulièrement) étaient autant de qualités pour aborder Puccini.

Et je me suis régalée.


Alors c’est ça.
Je ne crois pas que Naouri devrait continuer sur un répertoire bel canto ou XIXe siècle (Verdi, Bizet). Puccini, Mascagni, Leoncavallo, voilà où j’aimerais qu’il se concentre.


NB. Pour la saison 2007-2008, Naouri sera Belcore dans L’Elisir d’Amore de Donizetti (Paris, septembre), le baron Gondremark dans La vie parisienne d’Offenbach (Lyon, décembre), Nick Shadow dans The Rake’s Progress de Stravinsky (Paris, mars 2008),



Il Tabarro
Giacomo Puccini
Livret de Giuseppe Adami


Alors que je me propose de rédiger un billet spécifiquement sur l’opéra de Puccini, je ne veux noter ici que mes impressions quant à l’interprétation et la mise en scène de la version présentée en ce moment à l’Opéra de Lyon.

Direction musicale : Eivind Gullberg Jensen
Mise en scène: David Pountney
Décors : Johan Engels
Costumes : Tom Pye
Lumières : Adam Silverman

Michele : Laurent Naouri
Giorgetta : Hélène Bernardy
Luigi : Jean-Pierre Furlan


Photo Opéra de Lyon


La mise en scène et les décors, qui ont choisi de dépasser le pittoresque d’un couple de mariniers sur leur péniche à Paris, a résolument placé l’œuvre de Puccini dans une dynamique contemporaine pleine de poésie ; ballet des gros sacs de céréales déchargés sur la scène d’ouverture, séparation de la scène sur la hauteur (superbe métaphore, j’ai trouvé), conception de l’élément central du décor qui donne une atmosphère claustrophobique particulièrement adaptée, jeu sur les ombres, bref, une très belle interprétation scénique, dénuée des clichés mais riche en émotions.


La qualité vocale de Naouri et Bernardy a accentué la tension dramatique entre les personnages, mise en relief par le décor et la mise en scène, et m’a réellement transportée dans cette histoire, au demeurant bien classique d’un trio femme/amant/mari.


Laurent Naouri, Photo Opéra de Lyon


Je n’ai par contre pas aimé Jean-Pierre Furlan, qui fait également partie de la production de Djamileh, bien que j’ai trouvé sa prestation un peu meilleure que dans Djamileh. Mais le timbre de sa voix est relativement agressif et ses vibratos masquent mal un souffle incertain.


La direction musicale de Eivind Gullberg Jensen enfin, dont j'ai beaucoup à redire sur Bizet, a par contre été correcte sur Puccini ; quelle joie si rare à l'Opéra que d'entendre un orchestre se lâcher complètement et emplir la salle de musique à un niveau sonore proche de la saturation (chose qui ne risque pas d'arriver à Bastille, une des raisons pour lesquelles j'aime cette salle de l'Opéra de Lyon).


Ce Tabarro est vraiment à recommander au plus haut point.






A suivre, un billet sur Il Tabarro et un autre sur la production (CA-TAS-TRO-PHI-QUE) de Djamileh présentée en 1ère partie de soirée, avant Il Tabarro.


Le livret de Djamileh et de Il Tabarro, édité par l’Opéra de Lyon, est disponible ici.



Extraits YouTube :

- MET 1981 Renata Scotto (Giorgetta) , Vasile Moldoveanu (Michele), duo et scène finale
- Madrid 1979, Placido Domingo (Luigi) dans « Hai ben ragione », avec Angeles Gulin dans le magnigique duo « E ben altro il mio sogno »
- Scala 1983, Pietro Cappuccilli (Michele) dans « Nulla, silenzio »






Rajout extrait de l'article paru dans le Monde du 24 avril [Renaud Machart] :


" Il Tabarro (1918), de Puccini, donné en seconde partie de programme, dans une mise en scène de David Poutney, avait le courage d'affirmer, par une lecture simple et efficace de cette partie du fameux Trittico, quel était le génie dramatique du compositeur.
Comme dans Djamileh, le chef Eivind Gullberg Jensen est meilleur dans l'expression que dans la mise en place (décalages systématiques entre choeur et orchestre).

Et l'on est ravi d'entendre le baryton français Laurent Naouri (Michele) dans l'une des incarnations les plus saisissantes, dramatiquement et vocalement, qu'il ait données à la scène depuis des années. "





No comments: