Amis parisiens, je n'ai pas fini de me gausser de vous.
Quelques extraits choisis de la critique de Renaud Machart, parue dans le Monde de ce jour, sur l'Ariodante de Haendel qui se joue actuellement au Théâtre des Champs Elysées ;
" En 2005, au Festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence, Lukas Hemlet avait donné un spectacle lyrique ridicule. C'était une Clémence de Titus, de Mozart, en toge, qu'on eût cru signé d'un apprenti metteur en scène désigné pour un spectacle d'une fin d'année scolaire. Mais certains assuraient que Hemleb était un grand metteur en scène de théâtre et que ce premier pas dans une grande institution lyrique n'était qu'un faux pas.
Presque trois ans plus tard, l'Allemand signe un Ariodante, de Haendel, au Théâtre des Champs Elysées, à Paris. Et, le rideau baissé, la seule consolation est de filer au Bar des Théâtres, sis en face.
Filer au bar, après un spectacle, est chose naturelle quand on y va pour fructifier l'expérience, la partager et la mettre en perspective. Quand on y court pour oublier, l'heure est grave. Bernanos, qui avait le sens du tragique, eût dit: "Dieu nous renonce."
Qu'on le prenne par le début ou par la fin, ce spectacle est un désastre. Par le début? Un bouffon (du roi) exécute des simagrées qui disent qu'une lecture de biais va intervenir. (La plupart des metteurs en scène signalent leur regard "décalé" sur le legs ancien par des gestes critiques, donc bouffons.) Par la fin? Le bouffon, qui est danseur, est rejoint par une troupe lourdaude et peu inspirée, qui se tappe le cul par terre (littéralement, on l'assure), agite des mouchoirs et tente de donner sens à la chorégraphie d'Andrew George.
(...) On aurait aimé dire que Dominique Bruguière eût été de taille à sauver cet Ariodante par ses belles lumières comme stupéfiées, aux tons blêmes d'un petit matin nauséeux. Mais c'était compter sans cette chorégraphie catastrophique, ces combinaisons en Lycra, ces couvre-chefs en forme de lustres dont on ne voudrait pas dans notre salon et ces girls chaussées de stilettos de Cesare Paciotti sur lesquels même le mannequin Naomi Campbell, reine du pas en biais, vacillerait.
L'interprétation musicale, elle non plus, ne convainc pas. De la distribution, garnie de quelques stars peu probantes (...), on ne retient que Joël Azzaretti* et Topi Lehtipuu, seconds rôles mais frais et vrais. Le chef d'orchestre Christophe Rousset, fin musicien, dirige comme un pianiste accompagnerait à couvercle fermé. Trop réservé, trop subtil pour porter le message, qui l'est beaucoup moins, d'Ariodante.
* entendue dans La Sonnambula de Bellini en novembre dernier à Lyon.
France Musique retransmettra cet Ariodante samedi prochain, 24 mars, dans l'émission lyrique de Jérémie Rousseau.
1 comment:
Oui j'ai lu aussi l'article. Quelle gifle! Je ne sais pas si je vais l'écouter samedi prochain... Peut être d'une oreille distraite en faisant la cuisine ...
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